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Sujet : Les classes moyennes et supérieures face à la transition socio-écologique
dans le Grand Paris
Intitulé du stage :
Étude des attitudes et pratiques écologiques des classes moyennes et supérieures dans le Grand Paris : freins et leviers pour une transition durable
Niveau :
Master 2 (Sociologie, Urbanisme, Études Environnementales, Sciences Politiques, Géographie)
Durée du stage :
6 mois (à partir de mars 2025)
Lieu du stage :
Université Paris Cité, Paris 75013
Contexte du stage :
Le Grand Paris, en pleine transformation urbaine et écologique, est un espace de concentration des richesses (31 % du PIB produit en IDF, les 3 départements au niveau de vie le plus haut en France sont situés en IDF), qui pose à ce titre des défis écologiques majeurs. En effet, les hauts revenus, qui permettent un accès à une gamme de biens et services élargie, impliquent une consommation de ressources naturelles plus importante et sont associés en moyenne à de plus hauts niveaux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) (Pottier et al., 2021). En dépit de cette forte contribution aux pollutions anthropogéniques, les classes moyennes et supérieures, dans leur diversité sont pourtant celles qui affichent la plus grande adhésion à la norme d’écocitoyenneté (Comby, 2024) et certaines fractions des classes moyennes et supérieures, particulièrement dotées en capital culturel, semblent même être les premières à développer un « éco-habitus » (Carfagna et al., 2014). Le rapport aux pratiques et politiques écologiques de ces publics aisés de la transition se révèle ainsi parfois ambivalent. D'un côté, certaines fractions investissent dans des pratiques écoresponsables (logements bas carbone, mobilités actives, compost, limitation de la consommation de viande,...), mais de l'autre, les classes moyennes et supérieures conservent, en majorité, des pratiques fortement émettrices (consommation de biens et services de luxe, déplacements internationaux en avion, préférence pour les logements de grande surface), qui annulent les bénéfices écologiques de leurs comportements « vertueux ».
Interrogeant la façon dont se déploient des stratégies de distinction verte parmi ces groupes fortement dotés en capitaux économiques et culturels (Grossetête, 2019), le stage vise à déployer une analyse par fraction de classe des comportements des classes moyennes et supérieures dans le cadre de la transition socio-écologique du Grand Paris. Il s'agit de comprendre les freins à l'adoption de modes de vie durables et d'identifier les leviers d'action susceptibles de nourrir des politiques publiques ciblées. Ce stage, qui fait suite à un premier travail similaire sur les classes populaires et la transition socioécologique, se déroulera en collaboration avec les équipes de la Ville de Paris. Il donnera lieu à la production d’un livrable synthétisant des recommandations afin d’outiller les équipes de la municipalité dans la conduite de politiques au ciblage social fin.
Objectifs du stage :
1. Cartographier les pratiques écologiques des classes moyennes et supérieures dans le Grand Paris :
• Objectiver les pratiques de consommation, de transport, d’habitat et de loisirs des classes moyennes et supérieures, en lien avec leurs pratiques sociales (sociabilités familiales, affinitaires, professionnelles) et spatiales (concentrations, rapport aux centralités, déplacements pendulaires).
• Analyser l’impact écologique de ces pratiques.
2. Explorer les freins à la transition écologique chez les classes moyennes et supérieures :
• Identifier les réticences face aux changements nécessaires pour atténuer les pressions sur l’environnement (réduction de la consommation, restrictions des mobilités).
• Étudier les politiques environnementales locales (ex : Zones à Trafic Limité, limitation du stationnement pour les SUV, de la vitesse sur le périphérique, végétalisation des cantines scolaires, création de pistes cyclables,,...) et leur réception par les classes moyennes et supérieures.
3.Identifier les leviers d’engagement écologique :
• Identifier les configurations sociales propices à l’adoption de pratiques durables (présence de role models dans les cercles proches ou professionnels, formes de ménage ou de vie, évolution des normes dans les cercles proches ou professionnels,...)
• Identifier les configurations locales propices à l’adoption de pratiques durables : environnement réglementaire (ex : mesures contraignantes pour le trafic automobile, aides publiques à la rénovation, ex. par l’Agence parisienne du climat,...), environnement physique (développement de pistes cyclables, compost, commerces durables,....), environnement associatif (Ecoplan, présence d’AMAP, d’associations de jardinage, d’ateliers de réparation vélo,...)
4. Formuler des recommandations pour les politiques publiques :
• Proposer aux agents de la Ville de Paris des mesures spécifiques déclinées par fraction de classes moyennes et supérieures, dans la perspective d’une transition juste.
• Faire émerger les publics supérieurs de la transition socioécologique comme une cible et une catégorie de l’action publique municipale.
Méthodologie :
1. Revue de la littérature :
• Analyse de la littérature en sociologie et géographie sur les classes moyennes et supérieures en milieu urbain et la transition écologique dans les grandes métropoles.
• Analyse des politiques publiques environnementales mises en place dans le cadre du Grand Paris, notamment par la Ville de Paris (Plan Climat, limitation de la vitesse sur le périphérique, du stationnement pour les SUV, végétalisation des menus des cantines scolaires, Zone à Trafic Limité,...).
2. Enquête de terrain :
• Entretiens semi-directifs avec des habitants appartenant aux différentes fractions des classes moyennes et supérieures :
- L’élite socioprofessionnelle, fortement dotée en capitaux économiques et culturels, au sommet des hiérarchies socioprofessionnelles dans chaque champ
- Le pôle privé des classes moyennes supérieures, composé majoritairement de cadres fortement dotés en capital économique, dans des positions de responsabilité intermédiaire
- Le pôle culturel des classes moyennes supérieures, composé de cadres et de professions intellectuelles supérieures plus fortement dotés en capitaux culturels qu’économique
3. Analyse de matériaux qualitatifs et quantitatifs :
• Analyse d’entretiens, notamment au moyen de logiciels d’analyse qualitative (NVivo, ATLAS.ti)
• Géolocalisation et analyse cartographique des pratiques écologiques et de consommation des ressources à travers la métropole.
• Analyse de données contextuelles appuyée sur des bases de données publiques (INSEE, APUR, etc.).
Profil recherché :
• Formation : Master 2 en Sociologie, Urbanisme, Géographie, Études Environnementales ou équivalent.
• Compétences :
- Connaissance de la littérature en SHS sur le rapport des classes sociales aux enjeux environnementaux en milieu urbain.
- Compétences en analyse qualitative (entretiens, analyse de discours).
- Une familiarité ou appétence pour l’analyse quantitative est un plus tout comme la maîtrise d’outils SIG (Systèmes d’Information Géographique).
- Capacité à rédiger des synthèses et rapports destinés à des acteurs institutionnels.
• Qualités personnelles : Esprit d’analyse, autonomie, rigueur, aisance dans la conduite d’enquêtes de terrain, intérêt pour l’écologie urbaine et les inégalités sociales.
Encadrement et supervision :
Le stage sera encadré par Nathalie Blanc (LADYSS, Université Paris Cité, Centre des Politiques de la Terre), directrice de recherche au CNRS spécialisée en géographie urbaine et en écologie politique, et Paul Cukierman (Géographie-cités, Université Paris Cité), doctorant spécialisé en géographie sociale et sociologie de l’environnement, en partenariat avec la direction Transition Ecologique et du Climat (DTEC) de la Ville de Paris.
Des rencontres régulières avec des experts en développement durable et des élus locaux sont également prévues pour enrichir la réflexion.
Rémunération :
Indemnités légales de stage, selon la durée et les dispositions en vigueur.
Modalités de candidature :
Envoyer un CV, une lettre de motivation et un exemple de travail universitaire (mémoire, rapport de recherche, etc.) aux adresses suivantes :
nathali.blanc@wanadoo.fr et paul.cukierman@u-paris.fr .
Date limite : 16 décembre 2024.
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Références bibliographiques :
• Carfagna, L. B., Dubois, E. A., Fitzmaurice, C., Ouimette, M. Y., Schor, J. B., Willis, M., & Laidley, T. (2014). An emerging eco-habitus: The reconfiguration of high cultural capital practices among ethical consumers. Journal of consumer culture, 14(2), 158-178.
• Comby, J. B. (2024). Écolos, mais pas trop... Les classes sociales face à l’enjeu environnemental. Paris, Raisons d’agir, 14.
• Grossetête, M. (2019). Quand la distinction se met au vert: Conversion écologique des modes de vie et démarcations sociales. Revue française de socio-économie, (1), 85-105.
• Morena, E. (2023). Fin du monde et petits fours: les ultra-riches face à la crise climatique. La Découverte.
• Pinçon, Michel et Pinçon-Charlot, Monique (2007), Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte.